31 juil. 2012

La finance islamique prend des galons au Sénégal


DAKAR, 10 Ramadan/29 juil.(IINA)-Avec une cartographie bancaire presque saturée, la finance islamique est en train de se faire une place de plus en plus importante.
Devant 18 banques conventionnelles et 300 institutions de microfinance au Sénégal, il semble rester peu de place à la concurrence. Mais l’attractivité du financement islamique a résisté à tout cela. Aujourd’hui, le gouvernement sénégalais envisage même actuellement de lancer un emprunt obligataire  islamique, ou Sukuk, pour un montant de 163,15 millions d’euros.
En 2010, le Sénégal avait commencé à examiner la possibilité d’émettre un Sukuk de 163,15 millions d’euros sur le Marché Economique et Monétaire Ouest-Africain en 2012 et avait confié la supervision de la vente à Citibank et à l’ICD (Société islamique pour le développement du secteur privé). Il s’agira du premier emprunt de ce type en Afrique sub-saharienne, mais plusieurs autres pays d’Afrique, dont le Kenya, l’Afrique du Sud et le Nigéria, étudient aussi en ce moment l’éventualité d’une telle émission.
A l’origine, le gouvernement avait annoncé qu’il débuterait ses entretiens avec les investisseurs en décembre 2011 afin de préparer le lancement prévu pour février 2012. Mais l’émission a été reportée pendant la campagne présidentielle et pour l’instant aucune nouvelle date n’a été annoncée.
Les activités compatibles avec la charia ne gagnent pas seulement du terrain sur le créneau des emprunts souverains. Pour tenter de développer le marché de la finance islamique dans la région, la Banque Islamique de Développement (BID), basée en Arabie-Saoudite, et sa filiale du secteur privé, ICD, ont procédé à des investissements dans plusieurs marchés ouest-africains. La BID et l’ICD ont racheté 68,7% des parts de la Banque Islamique du Sénégal (BIS) en 2009. Ils détiennent aussi le contrôle majoritaire des Banques Islamiques de Mauritanie, du Niger et de Guinée.
La ICD a regroupé ces investissements en créant la société Tamweel Africa Holding avant de lancer ses activités au Sénégal avec pour mission de promouvoir la finance islamique en Afrique en établissant des banques locales solides qui contribuent au développement socio-économique.
Au Sénégal, le total des actifs de Tamweel Africa Holding a connu une ascension fulgurante, passant de 75 millions d’euros en 2009 à 155 millions d’euros en 2010 et 259 millions d’euros en 2011. C’est la croissance la plus rapide enregistrée par la société sur les 4 pays d’Afrique de l’Ouest dans lesquels elle est présente. Le portefeuille de crédits sénégalais s’est vu multiplier par 6 entre 2009 et 2011, passant de 54 millions d’euros à 343 millions d’euros, ce qui représente plus des trois-quarts du portefeuille de crédit total de Tamweel, qui s’élevait à 415 millions d’euros pour les 4 banques régionales en 2011.
Etant donné que le Sénégal dispose d’un marché limité, les dépôts totalisés par Tamweel ont augmenté à un rythme légèrement moins soutenu, passant de 57 millions d’euros à 186 millions d’euros sur la même période. Ils représentent néanmoins la vaste majorité du total des 233 millions d’euros de dépôts effectués dans la région en 2011.
Alors que les banques islamiques intensifient leur présence sur la scène internationale, le Sénégal n’est pas le seul pays africain, loin de là, à vouloir profiter de la croissance mondiale des actifs des banques islamiques. La BID a annoncé qu’elle avait approuvé des financements de 3,43 milliards d’euros au cours de l’année 2011 en faveur de projets parmi lesquels on trouve de nombreux programmes dans les secteurs de l’énergie, du logement et des infrastructures de transport. Selon les estimations du Conseil des Services Financiers Islamiques (IFSB), institut de régulation de la finance islamique dans le monde, et de la BID, l’encours des institutions de finance islamique devrait atteindre 1310 milliards d’euros en 2012, contre 815,76 milliards d’euros en 2011.
L’intérêt croissant porté au marché de la finance islamique offre de nombreuses perspectives quant au développement de la bancarisation parmi la population sénégalaise mais représente aussi une source de financement pour le budget de l’État si le gouvernement donne suite à son projet d’émission de Sukuk. Si au Sénégal beaucoup reste à faire pour améliorer le taux de bancarisation de la population, ce large marché inexploité ne saurait manquer de stimuler la croissance du pays dans les années à venir.
AH/IINA

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